L'obsession de la femme et l'érotisme dans le mouvement surréaliste : artistes, peintures et dessins (n°2 - suite de 5 articles)
(suite de l'article précédent)
Les thèmes souvent privilégiés par le mouvement surréaliste qu’étaient la violence (et son pendant, la mort Thanatos) et la sexualité (l’amour, Eros) rencontrèrent les circonstances de l’histoire, dans une période de la première moitié du XXème siècle où la paix internationale fut menacée puis rompue.
Cela n’est pas sans lien avec l’influence que le surréalisme eut sur un autre mouvement naissant, le cubisme, avec Pablo Picasso qui peignit le célèbre tableau « Guernica » et qui affirmait : « L’art est dangereux, ou bien, s’il est chaste, ce n’est pas de l’art ! ».
Pablo Picasso
Les demoiselles d’Avignon :
La pisseuse :
Nu dans un jardin 1934 :
Il n’est pas possible de citer « Guernica » sans l’insérer ici, quand bien même il n’a rien à voir avec le thème de l’obsession de la femme, puisqu’il s’agit du témoignage militant de Pablo Picasso dénonçant de façon prémonitoire, avec ce tableau peint en 1937, au milieu de la guerre d’Espagne, la future dictature sanguinaire de Franco.
Guernica :
(1) Max Walter Svanberg (1912-), peintre suédois
Max Walter Svanberg est déterminé lui aussi par la fascination du corps féminin, dont les peintures, gravures, broderies et dessins constituent l’inlassable chant d’une beauté féminine à la fois innocente innocente et perverse, offerte et dérobée.
La femme est apte à toutes les métamorphoses et ravive le mythe de l’androgyne originel : passion amoureuse et merveilleux orientent en « signe ascendant » toutes les perversions intimes. J. Pierre écrit, dans « Max Walter Svanberg et le règne du féminin » (Paris, Le Musée de poche, 1975) : « Cette obsession s’exerce dans le sens d’une transfiguration merveilleuse, radicalement étrangère aux allusions déprimantes [et] aux analogies abjectes » et ajoute : « Peut-être […] la notion mortifiante du péché ne s’était-elle jamais vue si superbement foulée aux pieds, comme un degré de mieux pour accéder à l’autel de l’amour fou ».
Max Walter Svanberg
Orchidées et luxure :
Métamorphose :
(2) Wifredo Lam (1902-1982), peintre d’origine cubaine
Wifredo Lam a peint « La Jungle », surface saturée de figures féminines aux têtes d’astres et aux membres de lianes qui se fondent dans une végétation étouffante.
Wifredo Lam
La jungle :
La Fiancée :
Satan :
The casting of the spell :
Il est reconnu comme le précurseur d'une peinture du métissage issue de la mémoire et de l'esthétique des cultures africaines, européennes et américaines.
Venu vers l'art moderne par un long séjour en Espagne et ses rencontres à Paris avec notamment Picasso, Breton, Leiris et Pierre Loeb, Wifredo Lam garde l'imaginaire imprégné par les œuvres des grands maîtres de la peinture espagnole (Velázquez et Goya), ainsi que par celles de Bosch et de Bruegel l'Ancien, qui l'interpellent profondément.
Fasciné par les surprenantes corrélations qu'il découvre entre l'art occidental et l'art dit "primitif", il cherche à conjuguer les influences surréalistes et modernes de son temps avec les visions fantastiques de la nature luxuriante de son pays natal.
Plus connu comme peintre (son œuvre regroupe environ 3000 tableaux), Wifredo Lam a une œuvre qui s'étend aux gravures, qui illustrèrent les textes de nombreux poètes dont André Breton, Gherasim Luca et René Char, ainsi qu'aux céramiques, dessins, pastels et sculptures.
(à suivre : cf. article suivant)