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Sophya est Transgenre Artiste Dessinatrice amatrice de transgressions et d'humour
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7 octobre 2008

L'obsession de la femme et l'érotisme dans le mouvement surréaliste : artistes, peintures et dessins (n°1 : suite de 5 articles)

Je consacre plusieurs articles à ce thème : "L'obsession de la femme et l'érotisme dans le mouvement surréaliste : auteurs, peintures et dessins", publiés ici les uns à la suite des autres ...

Le 1er article commence par la biographie et l'oeuvre de Pierre Molinier : c'est ma façon de souligner comment j'ai découvert le mouvement pictural surréaliste, dans sa globalité et son histoire, alors que je ne connaissais jusqu'alors que certains artistes, comme Pablo Picasso, ou le grand instigateur du mouvement surréaliste, aussi bien littéraire que pictural, le poète andré Breton.

Vous ne serez pas surpris-e de savoir que j'ai découvert ce mouvement avec Pierre Molinier, qui, bien qu'il s'en soit approché et ensuite éloigné, a mené sa vie et son oeuvre à travers le travestissement et la représentation érotique, dans une démarche fort transgressive inspirée des fantasmes oniriques.

Pierre MOLINIER 

Né en 1900, Pierre Molinier est un précurseur de l'art corporel et un pionnier de la photographie érotique.
Il disparaîtra en 1976 en mettant fin à ses jours. 

Des années 1920 à la fin des années 1940, sa peinture est figurative et « classique » : paysages du Lot-et-Garonne,  natures mortes,  portraits et  autoportraits. Son travail d'après nature ainsi que sa recherche de structure, de couleur et de lumière dans les paysages le rapprochent de l'impressionnisme, tandis que ses portraits évoquent plutôt l'expressionnisme.

A partir des années 1960, Pierre Molinier se consacre entièrement à son œuvre plastique et photographique, notamment aux autoportraits par un procédé de photomontage.

Admiré d'André Breton et membre du groupe surréaliste de 1955 à 1969, Pierre Molinier reste cependant en marge de ce mouvement. Photographe, peintre et sculpteur de formation, il travaille sur l'analyse de soi et sur ses fantasmes sexuels. Il n'a cessé de mettre en scène le travestissement et les jambes gainées de noir, il se concentre sur son propre corps et son œuvre se voue entièrement à l'érotisme.

Son procédé consiste à prendre des photographies de lui-même apprêté - épilé, maquillé, souvent masqué d'un loup et vêtu de quelques accessoires noirs : guêpière ou corset, gants, bas et escarpins à talons aiguilles, parfois voilette ou résille ou chapeau haut-de-forme - ainsi que des photographies d'amis et des clichés de mannequins, puis à découper les silhouettes ou des éléments de corps et à les recomposer dans une photographie finale du collage, image idéale de lui-même.

Biographie-Couv_P4

Biographie-Couv_P1

J’ai beaucoup aimé ce livre (cf. ci-dessus les 1ère et 4ème de couverture, chez "Bernard Letu Editeur") qui est une sélection de 37 peintures et dessins, faite par l'auteur et éditeur Bernard Letu en 1979, où il a cherché, en en excluant les photo-montages, à offrir un ensemble cohérent (est-ce vraiment le bon terme … quand on a lu ce qui précède !) et « représentatif », dit-il, « de la période la plus profonde et la plus grave de l’œuvre de Pierre Molinier ».

Sophya

 

Pierre Molinier s’inscrit dans la lignée des surréalistes « obsédés de la femme »,  qui considèrent celle-ci comme la médiatrice majeure ouvrant à tous les secrets du monde.

Né en 1900, Pierre Molinier est un précurseur de l'art corporel et un pionnier de la photographie érotique. Il disparaîtra en 1976 en mettant fin à ses jours.

Pierre Molinier, isolé à Bordeaux où il mène une vie de semi-reclus que ponctue la rumeur de ses « débauches », élabore depuis la fin des années quarante, après avoir peint paysages et portraits dans un style assez conventionnel, une œuvre d’une singularité absolue, envahie de ce que son correspondant nomme « de belles dames dévorantes », qui y installent un « climat brûlant et déchirant ».

 

Sacrilege

Sacrilège

Des années 1920 à la fin des années 1940, sa peinture est figurative et « classique » : paysages du Lot-et-Garonne,  natures mortes,  portraits et  autoportraits. Son travail d'après nature ainsi que sa recherche de structure, de couleur et de lumière dans les paysages le rapprochent de l'impressionnisme, tandis que ses portraits évoquent plutôt l'expressionnisme.

Admiré d'André Breton et membre du groupe surréaliste de 1955 à 1969, Pierre Molinier reste cependant en marge de ce mouvement. Photographe, peintre et sculpteur de formation, il travaille sur l'analyse de soi et sur ses fantasmes sexuels. Il n'a cessé de mettre en scène le travestissement et les jambes gainées de noir, il se concentre sur son propre corps et son œuvre se voue entièrement à l'érotisme.

NB : En écrivant cet article, je ne peux pas ne pas rappeler ici le titre que j'avais donné à mon ancien blog (qui est toujours consultable avec le lien ci-contre) : "Imagination et aventure pour soumission et culture". C'était pourtant à un moment où je n'avais pas encore autant approfondi le mouvement surréaliste, et a fortiori ni découvert une de ses orientations basée sur "l'obsession de la femme" et Pierre Molinier en particulier.

Pour moi, l'imagination va de pair avec le passage à l'acte, l'un s'enrichissant et rebondissant sur l'autre : l'acte réel, c'est mon aventure, où la soumission représente, avec le travestissement, le monde dans lequel je libère ma sexualité hors des normes sociales établies.

En 1955, c’est un tout autre « obsédé de la femme » qui se manifeste dans de petits albums de photographies et quelques poèmes, édités en 1979 sous le titre de « Les Orphéons magiques » (éd. Thierry Agullo).

Fasciné par les ongles peints, les longues jambes gainées de bas résille, les tétons pincés (lui-même affirme les avoir particulièrement sensibles), la fellation et les attouchements, beaucoup plus que par l’acte sexuel en lui-même, Pierre Molinier se travestit, joue les androgynes, se photographie en talons aiguille, harnaché de cuir, compose des photomontages érotiques et transpose sur chacune de ses toiles ses fantasmes dans une atmosphère de magie secrète et de messes noires.

Eros est chez lui plus que sulfureux : il se réalise dans le fétichisme, la réduction des corps aux seules parties obsédantes, leur articulation onirique en fonction de la puissance du Désir. 

Autoportrait :

Autoportrait

 

Communion d’amour :

CommunionDAmour

 

Amoureuses :

Amoureuses

 

Le temps de la mort 1 :

LeTempsdeLaMort-1

 

Le temps de la mort 2 :

LeTempsDeLaMort-2

 

André Breton, marqué par la lecture de Freud, inaugura ce qui allait être le processus de production de la plupart des œuvres littéraires et plastiques, en proposant de faire de l'inconscient le nouveau matériau du créateur.

Ce matériau appelant une méthode de travail, le rêve à l'état de sommeil ou à l'état de veille, la parole sous hypnose, ou encore le fantastique, le bizarre, l'étrange et l'inattendu semblèrent constituer autant de moyens de le mettre au jour. Le surréalisme par conséquent ne fut jamais considéré comme une technique de production, mais comme un outil expérimental de connaissance du monde.

Le mouvement surréaliste, dans sa dimension internationale, était convaincu, à la lecture des théories psychanalytiques, que les images fortes ne pouvaient apparaître qu’en contournant le contrôle répressif de la raison par le rêve, les écrits et les dessins sans but conscient, et en libérant leur imagination de toute contrainte.

André Breton écrit : « D’une fusion de joyaux entre lesquels domine l’opale noire, le génie de Pierre Molinier est de faire surgir la femme non plus foudroyée mais foudroyante, de la camper en superbe bête de proie ».

Fait marquant et original, dans ce mouvement fait de suggestions anthropomorphiques dévouées au corps féminin, c’est une femme, Joyce Mansour (1928-1986), d’origine égyptienne, qui vient laisser libre cours à ses fantasmes et obsessions, en produisant des images dont la crudité ou la violence ne sont comparables qu’aux dessins les plus acérés et impudiques d’un Bellmer.

Le visage de cette femme est celui des héroïnes de Joyce Mansour, dans ses œuvres « Moine », « Rideau cramoisi » et « Jules César ».

Ce dévoilement de la face noire de l’érotisme ne va jamais sans un certain humour et ses différents recueils, accompagnés d’illustrations de ses complices Lam, Matta, Svanberg, Camacho ou Alechinsky, sont rassemblés en 1991 dans un volume de « Prose et poésie ».

André Breton poursuit : « Le monde sexuel […] n’a pas cessé d’opposer à notre volonté de pénétration de l’univers son infracassable noyau de nuit ». Le surréalisme, en effet,  marque son attachement, non seulement à la fusion de l’imaginaire et du réel, mais à celle de l’érotisme le plus libre avec l’amour adorant.

Pierre Molinier est contemporain de Max Walter Svanberg (1), Wifredo Lam (2), Roberto Matta (3), Hans Bellmer (4), Clovis Trouille (5), André Masson (6). A la fin des années 50, Pierre Molinier collabore à la publication de « Surréalisme, même » et participe en 1959 à l’exposition EROS, qui révèle le caractère indissociable de Eros et Thanatos : le plafond de l’entrée de l’exposition EROS avait été garni de satin rose, symbolisant la « paroi vaginale » et précédait un labyrinthe plein de soupirs, permettant d’accéder à une « chambre des fétiches » et enfin à un « festin de cannibales ». Cet espace érotique, ponctuée d’objets de Hans Bellmer, Marcel Duchamp (7) et Jean Benoît, était dans la ligne du sadomasochisme onirique du « Chien andalou » et de « L'ange exterminateur » de Luis Bunuel.

(1)(2)(3)(4)(5)(6)(7) : quelques oeuvres de ces peintres sont montrées dans les articles suivants de ce blog.

La liste est longue des artistes contemporains influencés par Pierre Molinier, peintre et photographe des années 50 à 70, un temps courtisé des surréalistes puis abandonné par Breton lorsque son érotisme se radicalise dans une sexualité de plus en plus provocante : au-delà des fusions arachnéennes de jambes démembrées comme les poupées de Hans Bellmer, les laques de sperme étendues sur ses toiles, le fétichisme et les jeux de doubles hermaphrodites, c'est trop, même pour les surréalistes !

Alain Jouffroy, écrivain et poète français, propose une belle description des tableaux de Pierre Molinier : "Le peintre introduit dans toutes ses oeuvres cette atmosphère lourde et brumeuse où le désir prend corps. Ses personnages de femmes - convulsifs et louches - proches des succubes et des passagères de carrefours - sont chargés de cette magie où la moindre allusion (une courbe que peut suivre le regard vers une sorte de gouffre où toutes les apparences tournoient) donne le vertige et suscite le rêve."

La beauté étrange et troublante de ses personnages féminins reste cependant intacte.

C'est que les corps (notamment en peinture) apparaissent comme des joyaux de chair et d'opale, sertis dans un magma onirique.

Mais personne ne s'y trompe, le mystère de Pierre Molinier, cette peinture que André Breton qualifiait de "magie" est bien une magie noire, ces poupées aux visages sensuels, leurs parures érotiques (voilettes, masques et résilles), témoignent d'une œuvre hantée par la mort.

Cependant, le côté complètement sexuel de la peinture Pierre Molinier gêne certains membres du mouvement surréaliste : n’envisageait-il pas de présenter à l’exposition EROS un godemiché à deux places ! C’est plus le caractère répétitif de la sexualité exposée par Pierre Molinier que sa crudité, somme toute très relative qui, à part André Breton, lasse les autres, et, après 1963, malgré quelques liens de sympathie avec Joyce Mansour et Clovis Trouille, ses relations avec le Groupe, noyau du mouvement surréaliste, sont interrompues.

 

A partir des années 1960, Pierre Molinier se consacre entièrement à son œuvre plastique et photographique, notamment aux autoportraits par un procédé de photomontage. 

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Gérard Legrand écrit dans le « Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs » : « La connaissance sans désir demeure abstraite, le désir sans connaissance s’épuise dans sa satisfaction ou s’exaspère dans la frustration ».

Fascinés par Sade, les surréalistes ont toujours coalisé l’érotisme fantasmatique de chacun avec l’esprit général de l’amour courtois, censément unique, rebelle aux conventions sociales et porteur de merveilleux.

Les textes auto-érotiques de Salvador Dali (son nom était : Salvador Felip Jacint Dalí Domènech, 1904-1989), son éloge appuyé de la sodomie dans son tableau « Rêverie » et sa fameuse toile « Jeune vierge auto-sodomisée par sa propre chasteté » vont à la rencontre des plus belles pages de « L’Amour fou » d’André Breton, où il écrit : « Amour, seul amour qui soit, amour charnel, j’adore, je n’ai jamais cessé d’adorer ton ombre vénéneuse, ton ombre mortelle ».

Salvador Dali

Jeune vierge autosodomisée par les cornes de sa propre chasteté :

ViergeAutoSodomisee_V1

 

Le grand masturbateur :

GrandMasturbateur

Salvador Dali rompt avec le surréalisme historique en 1936 en affectant un retour spectaculaire du classicisme italien. Et à force d'inventions et d'acrobaties, d'avances aux gens du monde, de compromissions avec les puissances politiques et religieuses, il finit par s'imposer aux yeux du public comme l'authentique représentant du surréalisme, alors que, en fait, il s'est fait exclure du mouvement par André Breton qui lui reproche ses actes contre-révolutionnaires (manifestation pro-fasciste et admiration pour Hitler).

En dépit de leurs choix politiques et idéologiques divergents, Salvador Dali et Pablo Picasso (voir l'article suivant sur ce blog) restèrent en contact tout au long de leur vie. Le présent ouvrage recueille pour la première fois l’ensemble des cartes, messages et billets que le premier adressa au second jusqu’en 1970.

Ils attestent de la fascination jamais démentie que Picasso exerça sur Dali, du désir d’exister, de s’affirmer de celui-ci face à un aîné prodigieux, et légèrement menaçant par la puissance et la variété de son invention ; elles sont aussi la preuve de l’indéfectible affection que le fantasque Catalan voua au maître de Guernica, objet tout trouvé de cette passion typiquement dalinienne, la « paranoïa-critique ».

 (à suivre : cf. article suivant)

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