Un parallèle saisissant : "l'origine du monde" de Gustave Courbet et "l'origine de la guerre" de ORLAN ...
Mireille Suzanne Francette Porte est une artiste plasticienne française, née le 30 mai 1947 à Saint-Étienne, qui vit et travaille entre Paris, New York et Los Angeles et qui a choisi d'écrire son pseudonyme en lettres capitales : « ORLAN ».
ORLAN est une artiste qui s'exprime à travers différents supports : peinture, sculpture, installations, performance, photographie, images numériques, biotechnologies, et dont l’œuvre se situe dans divers contextes provocateurs, légitimée par son engagement personnel.
Ce que je préfère cependant dans toute son oeuvre, c’est son tableau « L’origine de la guerre », qui parodie celui de Gustave Courbet « L’origine du monde » d’une façon magistrale : pas besoin de grands discours pour comprendre, à la vue de ce tableau, toute la dimension machiste de la guerre, la médiocrité de ses ressorts sociaux et politiques, l’imbécillité de ses prétentions !
Un peu d'histoire : dès les années 1960, ORLAN interroge le statut du corps et les pressions politiques, religieuses, sociales qui s'y inscrivent. Son travail dénonce la violence faite aux corps et en particulier aux corps des femmes, et s'engage ainsi dans un combat féministe.
Elle fait de son corps l'instrument privilégié où se joue notre propre rapport à l'altérité. : son manifeste de "l'art charnel" (Carnal Art Manifesto) est suivi d'une série d'opérations chirurgicales - performances qu'elle réalise entre 1990 et 1993. Avec cette série, le corps de l'artiste devient un lieu de débat public. Ces opérations chirurgicales - performances ont été largement médiatisées et ont provoqué une vive polémique, bien qu'elles ne représentent qu'une infime partie de son œuvre intégrale.
Le travail d’ORLAN sur le corps se fait également par le biais de la photographie : ainsi trouve-t-on ce médium dans la photographie-sculpture du "Baiser de l'artiste", mais aussi des photographies d'ORLAN en madonne, dans le dispositif scénique des opérations chirurgicales - performances, photographies-affiches de cinéma, etc …
ORLAN explore également l'utilisation des nouvelles technologies dans le domaine des arts et, dans son travail de la fin des années 1990 et du début des années 2000, les Self-Hybridations, l'artiste, par le biais de la photographie numérique et des logiciels de retouches infographiques, hybride des visages de cultures différentes, amérindiens, pré-colombiens et africains.
ORLAN tente ensuite d'élargir encore les frontières de l'art contemporain en utilisant les biotechnologies pour créer une installation intitulée "Manteau d'Arlequin", faite à partir de cellules de l'artiste et de cellules d'origines humaine et animale.
L’aventure artistique d’ORLAN n’est autre que la mise en scène de sa propre vie. Au travers d’une succession d’interventions, elle joue avec son corps dont elle se sert d’outil artistique et comme lieu de débat public.